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"La Foule": témoignage parfait de l'enrichissement du tango argentin par les échanges entre les continents, les cultures, et les époques. Car ce chef d'oeuvre interprété par Edith Piaf en 1957, est né de l'adaptation  d'une valse péruvienne très connue en son temps, par Angel Cabral  sera à son tour "réintroduit" en Argentine, sous le titre de "Amor de mis amores".

En effet "Que Nadie sepia mi Sufrir",  est une valse péruvienne à l'origine du splendide "La Foule" ici interprétée par Edith Piaf en 1960.
Les paroles de Michel RivGauhe se posent sur l'adaptation par l'auteur de la mélodie initiale (créée en 1936) lui-même: Ángel Cabral.
La légende, ou l'histoire, veut que Edith Piaf aurait décidé d'adapter, en français, cette valse du folklore sud-américain, après l'avoir entendue en 1953, lors d'une tournée en Argentine au cours de laquelle elle se produit au Teatro Opera de Buenos Aires. Ce serait l'interprétation de Alberto Castillo (1914/2002) qui l'aurait inspirée.
Et séduite: on le comprendra en l'écoutant.

Depuis, les interprétations de "La Foule" ne se comptent plus:

Ce succès international et intemporel donnera donc lieu à toute une foule (rhooo, elle a osé...insolente va) de réinterprétations. Patricia Kaas, Les Gypsi... et encore bien d'autres plus ou moins réussies, ou géniales. Vous en retrouverez quelques-unes dans ma sélection de musiques tango réinterprétées.
De même que la version originelle "Que Nadie Sepia mi Sufrir" ou "Amor de mis amores".
Le succès incontesté de ce thème mettra Ángel Cabral (1911/1997) à l'abri du besoin jusqu'à la fin de ses jours.

Et c'est pas fini...
Car le succès phénoménal de l'adaptation française vaudra une nouvelle re-transcription dès 1958, cette fois dans le sens France / Argentine, de la valse originelle "Que Nadie sepia mi Sufrir" créée en 1936 (paroles Enrique Dizeo -1893/1980). La Foule relance la carrière de "Que Nadie Sepia mi Sufrir", avec un nouveau titre: "Amor de mis amores".

Et c'est toujours pas fini...
Car la version d'origine, "Que Nadie sepia mi Sufrir", nous revient en force sur le continent de la Vieille Europe.
De nouvelles interprétations qui se succèdent. Parmi elles, le "Que Nadie sepia mi Sufrir" de Florent Pagny sorti en  2009. Chantée en partie en espagnol, en partie en français. Sur une transcription musicale matinée rock et flamenco.

Bon, moi j'préfère la reprise de "Que Nadie sepia mi Sufrir" par Silbando, dans l'album "Manos Arriba" (sortie 14 janvier 2016). Et de loin.

Bref. Quand on dit que le tango se nourrit des échanges entre l'Argentine, d'autres influences d'Amérique du Sud, et l'Europe... En voici un témoignage supplémentaire.

Dans l'histoire, le détail qui échappe souvent (et non des moindres), si la mélodie garde son essence fondamentale quelle que soit l'adaptation, pour les paroles, c'est autre chose.

Certaines rumeurs disent que le co-auteur de la version originelle (paroles), Enrique Dizeo, aurait dit:
"Es un lindo valsecito peruano, pero pienso que a mí me tocó el ser supremo con la varita mágica. No lo puedo comprender. Si hay veinte mil canciones mejores"
"C'est une jolie valse péruvienne, mais je pense que j'ai été touché par la baguette magique suprême. Je n'arrive pas à comprendre. Car il y a au moins vingt mille chansons bien meilleures".
... Propos à vérifier, car source très douteuse...

sources: